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Expertise de crédibilité (pédopsychiatre)

Revue Experts numéro 63 | Paru le : 02.01.2010

Quoi qu’en dise l’éminent expert pédopsychiatre près la cour d’appel de Versailles dans son entretien au Figaro du 20-5-2004, c’est bien l’expertise de crédibilité qui est en cause dans cette atroce catastrophe judiciaire qui, outre les accusés, a brisé la vie d’au moins une cinquantaine de personnes, voire davantage. Dans les dossiers de cette sorte, ne figure jamais la distinction subtile qu’il introduit «...mais la confusion est fréquente entre les termes de véracité et de crédibilité...». D’abord, elle n’est jamais faite dans les rapports y compris ceux de cet éminent expert, ensuite et les experts dans ce domaine le savent bien, dès lors que l’un d’entre eux dans ce type de dossier a déclaré «...que les déclarations de l’enfant sont crédibles...» , le juge d’instruction, les juges de jugement sont fondés à retenir «cette crédibilité». Une enquête parue dans la magasine Le Point en février 2004 révélait que plus de 200 000 enfants voyaient à la télévision chaque semaine des films pornographiques, autant dire que chaque semaine, 200 000 d’entre eux au moins sont initiés à la plus graveleuse des sexualités. Il y aurait une discussion à établir entre système accusatoire et système inquisitoire et, dans ce cas peut-être, l’inexpérience d’un jeune juge d’instruction. Mais en réalité, le procès intellectuel est d’un tout autre ordre et concerne essentiellement l’expert et son expertise de crédibilité et la notion subtile, ajoutée après coup, de véracité... n’y changera rien. C’est bien dans ce domaine le problème de la responsabilité de l’expert qui est posé. On peut imaginer des accusateurs adultes manipulateurs, des enfants manipulés à leur tour manipulateurs, on ne pouvait pas imaginer des experts manipulés et se retranchant derrière la notion «il ne faut pas confondre véracité et crédibilité». C’est certainement vers les experts du dossier que se dirigeront les actions en responsabilité et il convient de rappeler une jurisprudence constante de la Cour de cassation et du tribunal des conflits, que l’expert est «personnellement responsable».

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