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Revue Experts numéro 65 | Paru le : 02.01.2010

C'est un grave problème. Le corollaire du libre choix de l'avocat par le client est aussi la liberté de l'avocat de refuser une cause, soit parce qu'il s'estime incompétent dans la matière, soit parce qu'il répugne à titre personnel à défendre ce type de dossier. Mais l'obligation faite aux ordres d'avocats d'assurer des permanences, des commissions d'office, des désignations d'aide juridictionnelle constitue une lourde charge dont il est justifié qu'elle soit partagée par tous les membres du barreau. Dilemme qui mérite de s'interroger ! Passons outre la question des tires aux flancs, c'est pour certains membres du barreau une véritable difficulté d'ordre moral. On est tenté de comparer avec le médecin appelé à donner ses soins éventuellement à son pire ennemi, c'est inexact, le médecin soigne le corps ; l'avocat, sauf à devenir un défenseur soviétique plus rigoureux pour son client que le procureur, doit au minimum avoir envers lui une certaine compassion, alors si elle n'y est pas. Sur le principe très puissant que tout homme devant la justice doit avoir un défenseur, en l'absence de candidat dans son barreau, le bâtonnier de Lyon, il y a quelques années, avait donné à notre profession une belle leçon, il s'était commis lui même pour assurer la défense de Klaus Barbie. La 1re chambre de la Cour de cassation n'a pas d'état d'âme, elle interdit à l'avocat d'en avoir. Il n'a pas le choix, il doit accepter sa désignation. Il aurait été intéressant que le problème soit posé aux chambres réunies mais c'est certainement à la base que ces situations devraient être résolues. Il est tellement facile à un bâtonnier ou à un conseil de l'ordre de trouver, face à un avocat sincère, des solutions de compensation. Le journaliste peut faire valoir « la clause de conscience », le non-violent à l'époque du service militaire obligatoire revendiquer le statut d'objecteur de conscience. Dans une profession qui revendique à juste titre indépendance et liberté, il paraît élémentaire qu'on reconnaisse à ses membres le droit d'avoir une conscience.

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