Liberté et expertise : le justiciable, l'avocat et l'expertise
L’expertise figure un intermède singulier du débat judiciaire d’une importance capitale puisque 4/5e des rapports demandés sont déterminants de la décision rendue. Elle est le lieu où nul jugement ne se profère. S’il jugeait, l’expert s’exposerait à de vifs reproches du juge lui-même qu’il n’a pour mission que d’éclairer. Au cours d’un récent colloque de Droit et Procédure, l’un des intervenants souhaitait même que l’expert ignore le droit. Façon plaisante et juste de rappeler que c’est la lumière que l’on attend de l’expert, mais en aucun cas la parole qui tranche, déboute ou condamne. Il lui faut à la fois être le “photophore” d’une vérité que seul le spécialiste peut approcher, tout en rendant accessible à des esprits moins éclairés que le sien, cette vérité et les chemins qu’il a empruntés pour l’atteindre. S’il n’a pas le pouvoir de juger, il a le devoir de connaître ce dont il s’agit, assez d’habileté pour le faire connaître et le souci éthique de ne rien dissimuler. L’expert est au cœur de la relation entre la vérité et la justice, ce qui lui confère un ascendant exceptionnel sur les parties et sur les juges, en même temps qu’il est tributaire d’une responsabilité terrible puisque le rapport déposé au greffe devient une écriture publique.
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